Journée de la Liberté Religieuse

Je croyais…

Je croyais dans mon innocence que le bon-vouloir prévalait.
Je croyais qu’il y avait un espace de dialogue 

et que se confronter à la différence était une richesse et non une faiblesse.

Je croyais que cela suffirait à trouver des solutions acceptables, autant pour les institutions que pour les requérants.
Des solutions win-win.

Je croyais…

J’ai déchanté ces derniers mois. 

La peur restreint le dialogue.

Imaginez : 
vous arrivez en fin de cursus et vous découvrez que les examens de fin d’études sont programmés le Sabbat, la première fois en quatre ou cinq ans de formation. 

Ressentez-vous la tension intérieure ?

Ressentez-vous le dilemme ?

Vous décider d’affirmer vos convictions, à révéler publiquement vos croyances.
Vous faites une demande d’aménagement, avec espoir et confiance. 
Vous déposez le dossier avec des propositions alternatives pour montrer votre volonté de trouver une solution.

Et puis arrive le « non », froid, administratif. 

Le non avec la question massue : « Veux-tu vraiment faire ce métier ? »

Un non motivé avec la peur que, s’il y a une fois une exception, 
il faudra en faire d’autres (y compris et surtout pour les musulmans). 

Et donc on vous demande, à vous, d’ouvrir cette porte de l’exception. 

On vous demande ce que soi-même on n’est pas prêt à faire. 
Parce qu’on entre dans un jeu de pouvoir.
Parce qu’on sort de la relation.

La liberté est fragile.

Oui, en Suisse, aujourd’hui, elle est fragile.
Dès que nous devons sortir de notre zone de confort pour affirmer des convictions justes, nous nous rendons compte de sa fragilité.
Et ce, quelque soit le domaine des convictions.

La liberté demande du courage.
La liberté demande de l’endurance.
La liberté demande du soutien.

Et surtout pas de l’indifférence.
Et surtout pas de se dire que ça va encore plutôt bien par chez nous. 

La liberté est fragile.

Raphaël Nagler
Responsable de la Liberté Religieuse FSRT et Union Suisse

Photo de Justice Amoh  sur Unsplash.

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