Culte de l'Ascension en différé de Montpellier (France)

FSRT 30 mai 2025

« Quand on pense à l’Ascension de Jésus, on imagine souvent une scène très visuelle : les disciples rassemblés, le Christ qui s’élève dans les airs, les nuages qui le cachent à leurs yeux. Et nous, deux mille ans plus tard, on pourrait se dire : « Il est parti. Il reviendra. En attendant… on patiente. »

Mais est-ce que cette attente a encore du sens aujourd’hui ? Est-ce que cette image peut encore nous parler alors que notre monde semble tellement tiraillé, divisé, épuisé ?

C’est vrai, nous vivons dans un monde où les conflits se multiplient : la guerre en Ukraine, les tensions au Moyen-Orient, les violences dans certains quartiers à quelques kilomètres de chez nous, ou les tensions politiques, sociales et économiques qui créent des fractures comme la banalisation des discours de haines ou l’inflation qui étouffe les plus fragiles.

Et s’ajoutent à cela les tensions écologiques, de plus en plus visibles avec les catastrophes naturelles à répétition amenant à ce sentiment d’impuissance face à l’ampleur du dérèglement climatique.

Il suffit de regarder les nouvelles ou simplement de faire défiler les réseaux sociaux pour se rendre compte de tout cela. Chaque jour une nouvelle opposition, un nouveau conflit.

On ne dialogue plus, on s’affronte. On ne cherche plus à comprendre, on choisit un camp. Même dans nos familles, nos quartiers, nos Églises parfois, on peut sentir cette tension, ce climat qui divise, qui use, qui pèse.

Il y a aussi des douleurs plus silencieuses, moins visibles, mais tout aussi réelles… Aujourd’hui, être perçu comme « hors norme », c’est souvent porter un poids immense : celui du regard des autres, du rejet, de l’incompréhension. Nos sociétés modernes parlent d’égalité, mais en pratique, elles oublient souvent ceux qui vivent la différence comme un combat quotidien. Et souvent, face à cela, on se dit : « Ça ne me concerne pas », « Je ne comprends pas », ou pire encore : « Ce n’est pas ma responsabilité ».

Mais l’Évangile, lui, ne nous laisse pas tranquilles. Il vient nous bousculer, et l’Ascension en est la preuve.

Elle ne marque pas une fuite de Jésus hors de ce monde qui semble devenir de plus en plus complexe. Elle marque un commencement, un envoi. Car avant de monter, Jésus a laissé cette promesse au verset 8 : « Vous recevrez une puissance, le Saint-Esprit survenant sur vous, et vous serez mes témoins…jusqu’aux extrémités de la terre. »

Jésus ne nous a pas abandonné. S’il est monté vers le Père, c’est pour nous préparer une place auprès de Lui, comme Il l’a promis dans Jean 14 « pour que là où, moi, je suis, vous soyez, vous aussi. ».

Et en attendant ce jour, Il nous parle de cette puissance, le Saint Esprit. Cette puissance n’est pas réservée à une élite, ni confinée dans les murs d’une église. Elle est offerte à tous. L’Esprit Saint est pour tous ceux qui le désirent, qui veulent l’accueillir.

Le Saint-Esprit vient transformer notre manière de vivre, de parler, de regarder l’autre. Il élargit notre cœur, nous fait sortir de nos zones de confort et abattre les murs de jugement que nous avons facilement tendance à ériger.

Il ne cesse de nous surprendre, de nous interpeler, de nous pousser vers la rencontre, jusqu’aux extrémités de la terre. Ces extrémités, que sont-elles vraiment ? S’agit-il uniquement de terres lointaines à évangéliser ? Ou bien… est-ce aussi mon quartier, mon lieu de travail, ma famille, ces personnes que je croise chaque jour sans vraiment les voir, et qui n’ont peut-être jamais entendu parler du Christ autrement que par clichés ou préjugés ?

Et si ces extrémités, c’était aussi moi, mes peurs, mes angoisses, mes blessures, ces coins en moi que je préfère éviter mais où Jésus veut pourtant venir habiter ? 

Par ma manière d’être, mes actions et mes choix, je peux devenir un témoin discret, mais lumineux de l’Évangile.

Les “extrémités de la terre”, ce sont sans doute ces lieux familiers, ce cercle proche que Dieu m’invite à éclairer. Là où je suis, ici et maintenant, je peux refléter quelque chose du caractère du Christ.

Et c’est aussi, à l’extrémité de ma terre, dans la simplicité du quotidien, que l’Évangile me façonne en profondeur, silencieusement, et m’offre, en le vivant chaque jour, de vraiment découvrir Jésus.

Car grâce au Saint-Esprit, j’ai la possibilité de changer et de révéler le Christ au monde, non seulement par mes mots, mais surtout par ma manière de vivre.

Nous ne sommes pas appelés à rester les yeux fixés vers le ciel, à attendre passivement un retour glorieux. Deux hommes en habits blanc, dans le récit de l’Ascension, interpellent les disciples et nous interpellent par la même occasion : « Hommes de Galilée, pourquoi restez-vous là à scruter le ciel ? » au verset 11.

Comme s’ils leur disaient et qu’ils nous disaient, aujourd’hui encore : « Il y a une mission ! Il y a un monde à aimer ! Un Royaume à incarner, en ce moment même. »

Car le Royaume des cieux ne commence pas demain. Il commence ici et maintenant, chaque fois qu’on choisit l’amour au lieu de la peur, la justice au lieu de l’indifférence, la paix au lieu de la haine, l’écoute au lieu du rejet.

Le monde n’attend pas des chrétiens qui fuient les réalités, mais des chrétiens debout, habités par le Saint Esprit, engagés dans le monde, convaincus que l’Évangile est encore une bonne nouvelle pour tous, sans exception.

Le monde attend des disciples qui tendent la main plutôt que de pointer du doigt.

Des Églises ouvertes, qui accueillent sans condition ceux que la société rejette.

Des disciples capables de reconnaître la beauté au cœur même de la fragilité, et désireux de restaurer la dignité de chaque personne, quel que soit son passé ou sa situation.

Des hommes et des femmes humbles, conscients de leurs propres blessures, mais désireux de grandir, de se laisser façonner par le Saint Esprit, afin d’accompagner aux mieux leur prochain avec bienveillance et de leur permettre de vivre cette liberté que Christ nous offre. 

Et aussi des croyants et des croyantes conscients de la création qui les entoure, refusant de fermer les yeux sur l’épuisement de la planète, et décidés à respecter et honorer le Créateur en s’engageant activement pour elle. 

Nous ne sommes pas appelés à « tolérer » les autres, mais à les aimer, profondément, sincèrement, comme Dieu nous aime. Le Saint Esprit nous est donné pour cela. Pas pour nous faire flotter au-dessus des réalités, mais pour nous plonger dedans, les yeux ouverts, le cœur en éveil.

Croire à l’Ascension aujourd’hui, ce n’est pas lever les yeux dans l’attente d’un retour lointain… Mais oser regarder ce monde blessé, découragé et se demander : « Seigneur, où veux-tu que je sois ton témoin dès à présent ? Comment est-ce que je peux incarner ton évangile dans ce monde qui souffre ? »

Le royaume des cieux ne commence pas “là-haut”, il débute ici-bas, dès aujourd’hui, quand on arrête de construire des murs et qu’on commence à ouvrir nos bras. Quand on choisit d’accueillir au lieu de juger. Quand on écoute au lieu de convaincre. Quand on aime sans poser de conditions, juste parce que Dieu nous a aimés le premier.

Le royaume des cieux prend forme quand on accepte de changer, de grandir, de se remettre en question, quand on essaie de vivre l’Évangile pour de vrai, non juste en paroles. Cela se voit dans notre écoute, notre simplicité, notre manière d’être là pour les autres.

Le royaume des cieux se rapproche quand on agit avec bonté, quand on prend soin de ceux qui nous entourent, quand on protège la terre, non pas par peur de la fin du monde, mais par amour pour Celui qui l’a créée.

En fait, le royaume des cieux commence chaque fois qu’on choisit l’amour. Tout simplement.

Que l’Ascension ne soit pas pour nous un souvenir lointain, ni même une lassitude d’un événement que nous n’attendons plus, mais le début d’un chemin, celui d’une vie remplie par le Saint Esprit. Une vie qui fait descendre le ciel sur la terre, par chaque acte de compassion, de vérité, de justice, de bienveillance, de douceur, de patience. Que nous soyons de ceux et celles qui gardent les yeux ouverts sur la souffrance et le cœur prêt à y répondre. Faisons de nos vies une œuvre entre les mains du Saint Esprit, devenons ces artisans du royaume des cieux dès aujourd’hui, portés par l’espérance du retour du Christ et tournés vers l’accomplissement du Royaume de Dieu.

Oui, Jésus est monté au ciel. Mais il ne nous a pas quittés. Il reviendra, et d’ici là, il veut continuer d’habiter ce monde à travers nous, par le Saint Esprit. Que nous puissions vivre dans l’assurance de son retour, mais aussi dans la confiance en l’œuvre déjà active du Saint Esprit dans nos vies. N’oublions pas que c’est lui qui fait grandir en nous ce fruit précieux : l’amour, la joie, la paix, la patience, la bonté, la bienveillance, la fidélité, la douceur et la maîtrise de soi. Autant de signes visibles de la présence du Royaume des cieux au milieu de nous.

Amen. »

Le culte de lAscension 2025 est célébré avec léglise adventiste de Montpellier, dans le département de lHérault, et présidé par la pasteure Clémentine Avelin. Cette église fait partie de la Fédération Adventiste France Sud, qui compte 62 groupes et églises répartis sur ce territoire allant de Lyon à Perpignan.

(source RTS2. Photo RTS2